Ces publications sont le fruit d'un travail de recherche et d'élaborations personnelles au sein de l'Institut Français de Psychanalyse. Ces contributions participent d'une psychanalyse vivante et en perpétuel mouvement.
Si la passion chez Freud reste une allusion plus ou moins voilée à son pendant philosophique (entre dynamique affective et mécanique passionnelle en passant par la nécessité et l’irréductibilité des affections), l'article tente d'en dresser une définition métapsychologique.
La passion exprime ce moment singulier de tout un chacun tout en relevant, à la manière de l’inconscient, d’un anhistorique qui en dessine les contraintes formelles et constantes. Comment les passions s'inscrivent dans le temps et interrogent l'ailleurs du complément d'espace ?
Le roman de Christopher Isherwood nous confronte à cette épreuve de la réalité qu'est le retour incessant de la mort, cet irreprésentable dont l’énigme, l’intime, relève de l’épreuve de vérité. L'énoncé passant par l'éradication de l'énonciateur, ce qui est véritablement à l’œuvre, ici, réside dans l’énonciation et l’infinité de combats singuliers qui se jouent au sein de l’intrication pulsionnelle.
L’Art brut intrigue autant qu’il est indéfinissable. Qu’est-il ? Folie, inversion des valeurs, invention ou invitation à repenser l’art ? Est-il le fruit d’un esprit primitif, enfantin, naïf, modeste ou radical ? Et s’il n’était qu’une zone d’ombre du monde de l’Art, son antichambre, qui tient à l’essence et aux principes mêmes de la Chose et de l’Être.
Il existe, en psychanalyse, deux discours théoriques fondamentalement différents sur la psychose. Bien que tous deux fondés sur les écrits de Freud, ils s’appuient sur deux temps de sa pensée, deux interprétations métapsychologiques. L'article étudie les deux visions en apparence opposées, la première inscrivant la psychose dans la continuité de la névrose alors que la seconde insiste sur la condition aliénée du patient.
Éminemment lié au cadre de la relation analytique, le transfert est le terrain où se joue la problématique d’une cure : son installation, ses modalités, son interprétation et sa résolution. S’agissant d’une répétition de prototypes infantiles vécue avec un sentiment d’actualité marqué, il n’est pas sans dégager une forme d’inquiétante étrangeté. Quel appui peut-on trouver dans une notion aussi problématique de déréel et de réalité de la situation analytique pour apprécier le caractère adapté ou non d’une manifestation apparue en son sein ?
De l’idée de limite il n’en est pas vraiment question dans l’œuvre de Freud, encore moins du concept d’état ou de sujet limite. D’impasses cliniques en nouvelles perspectives, de retours en ré-élaborations, la question des buts, des voies et des moyens de la psychanalyse est une science vivante, en mouvement perpétuel, extensible.
La limite définit un écart, un intervalle, rend possible l’organisation d’éléments et la sortie du confus. Borne, point au-delà duquel ne peuvent aller ou s’étendre une action, une influence, un état, elle devient degré extrême de quelque chose, de ce qui est acceptable. En opposition, elle indique un seuil au-delà duquel quelque chose n’appartient plus à un ensemble donné.
Il serait réducteur de cantonner « Penny Dreadful » (2014-2016) à une simple série de genre pour sa dimension fantastique qui culmine à l’horreur. En plus du thriller psychologique scandant le rythme de bout en bout, le ressort dramatique en reste la pierre angulaire. Mais c’est par l’insistance d’une conduite que le produit de loisir livre son intention. Interpellant, il nous somme de recevoir son ambiguïté expansive. Un procédé analysé par Freud en 1905 et qui nous renvoie à l’espace analytique.
Le tracé d’une ligne chez Cy Twombly s'inscrit dans une durée et établit un rapport entre l’espace de la toile et le temps de l’exécution. Temporalité à laquelle le spectateur n’est pas astreint puisqu’il appréhende de manière synthétique ce qui a mis un certain temps à s’inscrire. Comment, dès lors, faire ce pas au-delà de l’œuvre et appréhender le cas Twombly, l’artiste, discret et peu prompt à se confesser ?
Loin des terres d’orient, alors que le désenchantement du monde aboutit à la perte du symbolique, la pensée magique de l’occident, dans une ultime tentative d’apporter un supplément d’âme au sentiment religieux, donne naissance à un ésotérisme ambivalent. À l’idéal de l’arbre de la mystique juive succède l’imaginaire de l’arbre de la chute, non sans influences...
« La Marge » est un diamant noir, un roman difficile, âpre, hermétique. Sa lecture demande de lâcher prise, d’y pénétrer sans jouer des coudes, de lever toute résistance et se laisser bousculer, emporté par la foule des signes. Il y a ensuite une invocation, une convocation de l’homosexualité dans sa fonction économique, sa perversion comme rempart à la mort, pour ce qu’elle a de sublime, de vital par la transfiguration qu’elle opère.
Le « Sefer Yetsirah », à l’origine de la doctrine des Sephiroth, a donné lieu à une littérature entière de commentaires, rationalistes ou mystiques, en faisant un traité fondamental de la Kabbale. Sa conception du monde se répandit hors des cercles d’initiés et influença longuement le monde occidental tant en matière de philosophie, d’ésotérisme que de création artistique. Son mode de penser lui confère un rôle culturel important par ses analogies, ses affinités occultes, ses sympathies, ses subordinations et ses hiérarchies complexes.
La moralité n’est pas la cause du refoulement. Séquentiellement, c’est le refoulement qui rend possible la moralité. Freud ne se faisait guère d’illusions sur la nature humaine et encore moins sur sa moralité. Nous pourrions même dire qu'il était étranger à la morale, un amoral qui revendiquait une autre éthique.
La parole sibylline de Tirésias qui résume la dramatique condition de Narcisse est laconique. Le Caravage résout l’énigme du devin par une ellipse, un procédé de raccourci assimilable qui condense la narration et oblige le récepteur à rétablir mentalement ce que le tableau passe sous silence. L'absence de récit reflète la source renvoyant des mots qui ne parviennent à l’ouïe...
Sur « L’Allégorie de la République » : de l’allégorie comme voie négative. Le tableau, accroché à l’entrée gauche de l’hémicycle de l’Assemblée Nationale, dépeint Marianne (Marie-Anne) scellant l’union de deux jeunes hommes issus de classes diamétralement distinctes. Loin de l’allégorie révolutionnaire et guerrière, la figure centrale, hiératique et maternelle, sein droit et genou gauche nus, s’inscrit comme pilier de bénignité.